JUIN 2023

Exposition: En Liberté. Azzedine Alaïa, Arthur Elgort

Programmée jusqu’au 20 août à la Fondation Alaïa, l’expo la plus vivante du moment met en lumière la création de deux artistes qui ont façonné la mode des années 1980 : émancipée de ses codes et de ses artifices, incarnée par des femmes libres, volontaires, indépendantes.

Premier contact, le charme absolu d’un lieu organisé autour d’une cour typique du Marais, où l’on a juste envie de s’arrêter le temps d’un café ou d’un déjeuner, le temps de feuilleter un livre, ou plusieurs, piochés dans la bibliothèque derrière la verrière. Un lieu habité par celui qui y vécut : Azzedine Alaïa.
Et puis l’expo… Jeu de miroir entre les pièces de coutures iconiques du créateur et les clichés d’Arthur Elgort, elle est une plongée dans l’énergie des années 80, célébrant la complicité de deux créateurs qui ont fait voler en éclat le cadre alors un peu convenu de la planète mode.

Intuition d’une époque

« Arthur Elgort faisait exactement le contraire des traditionnelles images de studio posées et maîtrisées sur papier glacé » affirme Carla Sozzani, Présidente de la Fondation Alaïa, amie de toujours du couturier et co-commissaire de l’exposition avec Olivier Saillard. Le photographe qui partageait la vie de la danseuse Grethe Barreth Holby n‘aimait rien plus que le mouvement. Il ouvrait les fenêtres des studios pour faire entrer la lumière naturelle, démaquillait les mannequins, les emmenaient dans la rue, dans la vie, où il saisissait leur joyeuse spontanéité. Tout cela était tellement nouveau.
De son côté, Azzedine Alaïa coupait et sculptait les vêtements à même le corps des femmes comme des secondes peaux, dans des matières qui libéraient le geste « et les mentalités ! » tient à préciser Carla Sozzani. « Car sa démarche dépassait la notion d’esthétique. Il était très attaché à l’émancipation des femmes et attentif à la personnalité des mannequins qui portaient ses vêtements. » poursuit-elle. Et quels mannequins ! Il y avait la toute jeune Naomi Campbell qui irradie l’exposition car elle vivait ici, dans cette maison, confiée à la protection du couturier par sa mère. Il y avait aussi Stéphanie Seymour, Christy Turlington, Cindy Craw-ford, Linda Evangelista et tant d’autres… figures de proue d’une époque où tout était en train de changer. « Elles étaient vraiment folles de la mode d’Azzedine Alaïa et repartaient des défilés avec des sacs entiers de vêtements, qu’elles portaient dans la sphère privée » se souvient Carla Sozzani.

Et plus si affinité

Ne pas quitter le 18 rue de la Verrerie sans monter à l’étage pour admirer quelques photos en grand format des patrons d’Azzedine Alaïa, par Thomas Demand, qui prouvent à quel point il était un pur couturier, précis, exigeant. Et surtout, pour découvrir à travers une large fenêtre la pièce la plus émouvante de la Maison : son atelier, laissé comme au jour de son départ, comme s’il allait revenir d’un instant à l’autre et au son de la voix d’Oum Kalthoum, reprendre l’ouvrage là où il l’avait quitté.
Et puis, poursuivre le voyage par l’incroyable boutique décorée par Julian Schnabel, et se laisser séduire par les dernières créations du talentueux Pieter Mulier, qui a repris le flambeau et l’inspiration de la marque.

« Cette Fondation est le rêve d’Azzedine Alaïa, que Olivier Saillard et moi avons décidé d’accomplir. Il voulait partager son incroyable patrimoine de collectionneur pour transmettre aux futures générations ce que lui, autodidacte, avait appris et hérité de ses maîtres, notamment de Balenciaga dont il possédait plus de cinq cent pièces de couture. Lui qui n’a jamais oublié sa condition modeste, il voulait offrir des bourses à de jeunes stylistes pour les aider à se former. Et il voulait que ce soit un lieu de culture et d’échange où l’on se sente reçu comme à la maison, comme si l’on était l’un de ses amis. Comme quand il était encore là ». D’ailleurs, il est là…

N’hésitez pas à contactez nos concierges afin d’organiser une visite lors de votre prochain séjour à La Réserve Paris.

 

Cet article est un extrait de La Réserve Magazine N° 29 by Michel Reybier Hospitality, que vous pouvez consulter en ligne ici.

 

Crédits photos : Arthur Elgort